John Bowlby est un psychologue britannique connu pour ses travaux sur l’attachement, lesquels sont exposés dans trois volumes épais parus pour la première fois en 1978 et constamment réédités depuis. Dans le troisième volume, « Attachement et perte : La perte, tristesse et dépression » il aborde la question du deuil de manière antéchronologique en commençant par les adultes puis en descendant en âge en terminant par la petite enfance.
Bowlby identifie quatre étapes ou phases du deuil normal (opposé au deuil pathologique) :
- Phase d’engourdissement qui dure habituellement de quelques heures à une semaine et peut être interrompue par des accès de détresse extrêmement intenses et/ou de colère.
- Phase de languissement et de recherche de la personne perdue qui dure de quelques mois et parfois des années.
- Phase de désorganisation et de désespoir.
- Phase de plus ou moins grande réorganisation.
Les enfants, nous dit Bowlby sont tout à fait capables de ressentir la perte définitive d’un proche, en particulier d’un parent et ce, dès l’âge de dix-sept mois d’après les études épidémiologiques auxquelles il se réfère. La différence entre le deuil chez l’enfant et le deuil chez l’adulte n’est pas de nature mais d’intensité. On retrouve les quatre phase du deuil évoquées ci-dessus, mais chez l’enfant, elles sont exacerbées.
Dans des conditions favorables, où l’enfant trouve un soutien affectif solide, des réponses à ses questions, un étayage émotionnel satisfaisant, il peut effectuer un travail de deuil qui s’avère psychologiquement bénéfique pour son développement. Si ce n’est pas le cas, il a, comme chez l’adulte, des chances de développer un deuil pathologique que Bowlby identifie sous deux formes : le deuil chronique et l’absence ressentie de toute forme de perte qui se termine en effondrement. Dans le cas du deuil chronique, il s’avère impossible de sortir de la dépression, qui intègre durablement les affects de l’enfant. Le deuil pathologique chez l’enfant le prédispose à des psychopathologies à l’âge adulte : dépression, idées ou passages à l’acte suicidaire, addictions, incapacité à nouer des relations affectives stables et satisfaisantes…etc.
Le travail de Bowlby remet en cause la théorie Freudienne de la régression à un stade de développement antérieur ou de fixation au stade de développement en cours lors de la perte et du deuil, démontrant, études et cas cliniques à l’appui, qu’un enfant qui se trouve dans un environnement favorable peut tout à fait affronter le deuil et son lot de tristesse sans avoir à régresser ou se fixer définitivement à un stade donné. L’accompagnement psychothérapeutique de l’enfant peut grandement faciliter son travail de deuil, en particulier s’il s’effectue dans la durée. La perte d’un parent est l’une des expériences les plus douloureuses qui soient pour un enfant et il faut l’appréhender avec délicatesse, tact, compétence et connaissances. L’idéal est d’adresser l’enfant à un clinicien, qu’il soit psychanalyste, psychologue ou psycho-praticien ayant déjà une bonne expérience des enjeux du développement infantile.